La tournée et l’album portent tous deux le même nom. Pourquoi ce choix?
Parce que ce titre me semblait approprié pour la tournée, d’abord. «Une vie», c’est un bon titre à mon âge. Et puis, quand les chansons de l’album ont commencé à arriver, je me suis rendu compte que ça faisait sens que le disque porte ce même titre, vu les thématiques abordées. Les chansons racontent ce qui fait la vie.
Pourquoi avoir choisi «Les Parvis» comme premier single, une chanson bouleversante parlant du mari d’Agnès Lassalle (une enseignante tuée par un de ses étudiants) qui s’est mis à danser seul devant le cercueil lors des funérailles?
Au départ, je n’ai pas vu cette chanson arriver comme une évidence. Mais quand on a fait écouter l’album à l’équipe de la maison de disques, il y a eu une forme d’unanimité. C’est Paul Ecole qui m’a envoyé ce texte, accompagné d’une vidéo du mari que je n’avais pas vue. J’ai trouvé son texte très beau. Et quand j’ai vu la vidéo, ça a pris encore plus de sens.
Dans «L’Avenir», vous évoquez un couple où l’un part avant l’autre. Votre épouse, la romancière Hélène Grémillon, a trente ans de moins que vous. Cette chanson prend un sens particulier pour vous?
Oui. Si la vie suit son cours logique, je partirai avant elle. J’y pense tout le temps. Elle aussi y pense, même si on n’en parle pas toujours. C’est un choix qu’elle a fait en toute connaissance de cause lorsqu’elle m’a épousé. Mais ce n’est pas qu’une chanson sur la disparition, c’est aussi une chanson sur le couple. Quand l’un s’en va, tout peut s’écrouler.
Dans «Les Yeux Noirs», il est question d’alzheimer. C’est une angoisse pour vous?
C’est là aussi une idée de Paul Ecole. C’est une maladie incroyablement présente aujourd’hui, dans mon entourage… J’entends beaucoup de gens en parler. C’est aux auteurs de chansons de sentir l’air du temps, et cette maladie fait partie de notre époque.
La vieillesse vous fait peur?
Mal vieillir, oui, ça m’a toujours fait peur. Mais notre métier permet de rester actif, de mieux voir passer le temps. Créer, composer, c’est une chance. Le simple fait d’encore inventer des mélodies, c’est précieux. Et je fais un métier de représentation, je fais donc attention à moi. Ce métier est devenu une manière de vivre.
En tout cas, vous approchez des 80 ans avec une énergie impressionnante. Quel est votre secret?
J’ai toujours fait gaffe à moi. Et j’ai de la chance: mon corps m’a beaucoup aidé en me disant stop quand ça ne lui convenait pas. C’est mon corps qui m’a fait arrêter la cocaïne très rapidement, car ça me faisait mal au nez. Et quand ça descendait dans la gorge, ça faisait mal aux cordes vocales. Pour l’alcool, je n’ai jamais été un buveur par plaisir. Le tabac non plus. Très tôt dans ma vie, la fumée m’est devenue insupportable. Et je fais du sport depuis toujours. Aujourd’hui, c’est la natation qui me fait du bien. J’aime ça, je cherche à bien nager, comme je cherche à bien chanter. Le jour où j’ai compris que ma voix était ma singularité, j’ai su qu’il fallait la travailler. Ce serait un crime de ne pas l’entretenir.
Vous allez fêter vos 80 ans sur scène en 2027. Que peut-on attendre de ces concerts?
Ce ne sera pas pareil partout. En 2026, ce sera différent de 2027. A Forest, il y aura un grand orchestre, de la rythmique. Et il y aura très peu de chansons inconnues.
En concert le 28 mars 2026 à Liège, le 29 mars à Charleroi et le 2 octobre 2027 à Forest National. Rés.: ticketmaster.be.
Une chanson d’hommage à son frère disparu
La chanson «Saint-Nazaire» est probablement la plus personnelle de l’album. Julien Clerc y parle de la mort de son demi-frère, le journaliste Gérard Leclerc, il y a deux ans à Saint-Nazaire dans l’accident de l’avion de tourisme qu’il pilotait. «C’est une chanson que j’ai demandée à Paul Ecole. Il lui a suffi de regarder une photo de mon frère et moi pour capter l’essence de notre relation. Ce qu’il a écrit est d’une justesse incroyable. Il a su traduire le lien très fort qui nous unissait. Ça reste une disparition mystérieuse, c’est violent. Mais je suis heureux d’avoir pu faire une chanson à ce sujet. C’était important que mon frère soit dans l’album.»